13Cine

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dimanche 11 mai 2014

Godzilla

Godzilla de Gareth Edwards
Genre : Fantastique
Sortie le 14 Mai 2014



Le défi était à la hauteur du mythe. Proposer pour les 60 ans du monstre un film spectaculaire capable de faire oublier la daube de Roland Emmerich qui avait porté un coup au cœur à tous les amoureux du Roi des monstres. On attendait beaucoup, à la fois impatients de retrouver Godzilla sur grand écran et confiants quant aux capacité d'Edwards de passer d'un film fantastique à petit budget comme Monsters à un blockbuster à 200 briques. L'attente aura été récompensée, le défi a été relevé avec brio, Godzilla est un film monstrueux. 

Le choix de mettre Edwards aux commandes de Godzilla est une idée de génie. Pour ceux qui ont vu son Monsters, on retrouve cette volonté de jouer avec ses monstres et en retarder au maximum l'apparition. Dans son précédent film, on ne découvrait les monstres en question qu'en dernière partie de métrage, le reste n'était qu'images impressionnantes et démonstrations physiques d'affrontements entre hommes et extra terrestres. C'est ce côté très Spielbergien dans la gestion du suspens et du spectaculaire qui rend le film immédiatement fascinant dès son commencement. Après un générique porté par le score mémorable de Desplats, dont vous trouverez le opening title en fin de critique, le film pose les bases de son intrigue dans sa première demi-heure (trois générations d'une famille victime des dérives scientifiques créatrices de monstres destructeurs) et dès lors que l'action commence avec l'évasion du Mutant, le deuxième acte commence. Et là encore, saluons l'idée de se démarquer du cliché tant redouté :  Godzilla = monstre nucléaire. On revient au concept original du film de 54, Godzilla est un Ancien, prédateur Alpha qui ne demandait qu'à rester tranquille et que les essais nucléaires ont tenté d'éradiquer. D'ailleurs ses motivations sont très claires, il  ne vient affronter les mutants que pour rester le plus grand prédateur et n'a que faire des humains (il se fait tranquillement escorter par une armada de porte avions et n'hésite pas écraser des hommes qui se trouveraient sous ses pattes). Je vous parlais de la grosse influence de Spielberg dans la mise en scène d' Edwards, elle est évidente lors du reveal shot de Godzilla au moment de l'attaque de l'aéroport d'Honolulu, où l'on découvre le monstre dans toute sa splendeur de la même manière que l'on découvrait le brachiosaure dans la vallée de Jurassic Park. Généreux dans ses scènes d'action, Edwards joue non sans humour sur la frustration de ne pas voir tout de suite des affrontements inter-espèces tant attendus, et ose montrer Godzilla et MUTO se mettre sur la tronche via un reportage télé regardé depuis l'autre bout du monde, à travers les yeux d'un enfant croyant regarder des dinosaures sur un tarmac. D'ailleurs la mise en scène d' Edwards met un point d'honneur à cadrer son action à hauteur d'homme. Si les scènes de combat nécessitent bien évidemment des plans larges, voire très très larges (San Francisco est réduit en miette), et d'ailleurs Edwards arrive à cadrer à la perfection ses scènes de destruction sans sur découpage ni shaky cam, la plupart des apparitions de Godzilla sont rendues plus impressionnantes par un cadrage à l'échelle humaine. Qu'il s'agisse des militaires qui assistent à la sortie des eaux de Godzilla ou les enfants bloqués sur le pont pendant le bombardement, le spectaculaire n'en est que plus crédible. C'est d'ailleurs étonnant, soit dit en passant, de voir qu' Edwards a les mêmes idées de mise en scène qu' Emmerich, notamment dans les déambulations sous marines de Godzilla, mais que ça fonctionne beaucoup mieux que chez ce dernier. Plus d'ampleur et plus de passion sans doute.


Mais ce qui fait le plus plaisir lorsque  l'on regarde ce film, c'est le sentiment qu' Edwards est comme un gosse biberonné aux films de la Toho et à qui on a donné les moyens de se faire plaisir et faire plaisir. En cela sa démarche le rapproche beaucoup de Del Toro, autre fan boy armé d'une caméra. Il ne rate pas une occasion de cadrer son Roi des monstres de la plus belle des manières, majestueux dans un dernier plan, terrifiant lors de l'attaque du pont et émouvant lors de son retour à l'océan. Il prend le temps de composer des plans magnifiques et à haute charge symbolique (Brody désarmé nez à nez avec Godzilla au milieu d'un ChinaTown dévasté, éclairé par des lampions chinois) et arrive à provoquer un frisson et un sourire béat chez le spectateur lorsqu'il met en scène le fameux souffle de feu de Godzilla. Jusque dans son climax portuaire Edwards adresse un dernier clin d'oeil à Spielberg et son soldat Ryan (rappelez vous la scène du Tank et du pistolet, remplacez le tank par un monstre). Edwards se permet quand même une auto-citation de son Monsters au travers de quelques plans (les retrouvailles des deux mutants) et d'images fortes (le sous marin dans les arbres est une redite plus spectaculaire du bateau dans l'arbre mexicain de son premier film). Y a pas de honte à se faire plaisir. Pour ceux qui trépignaient devant le premier trailer du film qui voyaient une escouade de bidasses effectuer un saut dans le vide, sachez que la scène est telle quelle dans le film, accompagnée du même score entêtant, offrant des images de fin du monde assez spectaculaires. Même dans les scènes de suspens Edwards assure, avec une belle scène de cache cache avec un Mutant sur un pont. 


Un petit mot sur le casting où l'on retrouve en tête Aaron Johhson, parfait en Brody, soldat héroïque prêt à tout pour sauver sa famille, Bryan Cranston et Juliette Binoche venue faire un petit coucou mais dont le rôle en début de métrage est le pivot du drame familial qui se joue lors de la destruction à grande échelle qui s'ensuit. Ken Watanabe écope du rôle un peu ingrat du scientifique japonais (hommage aux scientifiques du film original qui sont les seuls à considérer Godzilla tel qu'il est : Un dieu), échouant à faire comprendre aux militaires l'inutilité d'avoir recours au Nucléaire comme solution ultime. Le scénario n'est pas forcément des plus originaux vus cette année, mais simple ne veut pas obligatoirement dire simpliste, et le film arrive à parfaitement équilibrer drame à l'échelle mondiale et déchirement familial. Ça fonctionne et c'est l'essentiel. 

Bref : Spectaculaire et généreux, respectueux du classique de la Toho, porté par une passion et un savoir-faire remarquables, Godzilla confirme tout le talent d'Edwards qui ne demandait qu'à exploser après son excellent Monsters. Un film qui fait ressentir une euphorie juvénile dès sa première image jusqu'à un dernier plan iconique à mort.


Cadeau bonus.

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